À une époque où le manque de sommeil est un véritable fléau dans les sociétés occidentales, le concept de sommeil excessif peut sembler étonnant. Toutefois, les troubles du sommeil comme l’hypersomnie, caractérisés par une durée prolongée de sommeil et une somnolence diurne excessive, sont des maladies graves et handicapantes. Comprendre ces pathologies et leurs symptômes est essentiel pour mieux les diagnostiquer et les traiter.
Les différents types d’hypersomnie
Les hypersomnies du système nerveux central englobent trois maladies principales : la narcolepsie, l’hypersomnie idiopathique et le syndrome de Kleine-Levin. Ces besoins excessifs de sommeil peuvent être associés à des troubles comportementaux, psychosociaux et médicaux, parfois graves, ainsi qu’à des perturbations majeures de la vie quotidienne.
Narcolepsie
La narcolepsie est une maladie chronique rare, touchant environ 1 personne sur 3 000 à 5 000. Ce trouble du sommeil se manifeste par une somnolence diurne excessive et des endormissements irrépressibles au cours de la journée. Ces crises peuvent survenir à tout moment, même en pleine activité. Les patients narcoleptiques peuvent aussi souffrir d’hallucinations et de paralysie transitoire lors de l’endormissement ou du réveil. Approximativement 70 % des narcoleptiques présentent également une cataplexie, une perte soudaine de tonus musculaire souvent déclenchée par une émotion intense, ce que l’on appelle la narcolepsie avec cataplexie.
Syndrome de Kleine-Levin
Le syndrome de Kleine-Levin, ainsi appelé hypersomnie récurrente, est une maladie neurologique très rare. Elle se manifeste par des épisodes récurrents d’hypersomnie durant plusieurs jours, associés à des troubles cognitifs et comportementaux. Les patients peuvent dormir jusqu’à 21 heures par jour pendant ces épisodes, et présenter de la confusion, de l’apathie, et une sensation de déréalisation. Certains peuvent aussi avoir des comportements anormaux comme l’hyperphagie ou l’hypersexualité.
Hypersomnie idiopathique
L’hypersomnie idiopathique est caractérisée par une somnolence diurne excessive constante, entrecoupée de siestes non réparatrices. Les patients peuvent avoir un sommeil nocturne normal ou prolongé, mais se réveillent avec une grande difficulté. Ce trouble, qui survient généralement avant l’âge de 30 ans, est rare et souvent mal compris. La difficulté de réveil est habituellement accompagnée d’une hypovigilance continue et de sommeil diurne peu reposant.
Symptômes courants de l’hypersomnie
Les symptômes de l’hypersomnie peuvent varier selon le type, mais certains signes sont récurrents. Ces symptômes incluent :
- Somnolence diurne excessive : Une envie irrésistible de dormir pendant la journée.
- Allongement de la durée du sommeil nocturne : Dormir plus longtemps que la durée habituelle de sommeil.
- Endormissements irrépressibles : Des épisodes d’endormissement soudains et incontrôlables.
- Épuisement chronique : Une fatigue constante, même après une longue nuit de sommeil.
Ces symptômes peuvent avoir de graves répercussions sur la vie quotidienne des patients, affectant leur capacité à travailler, à étudier et à entretenir des relations sociales.
Causes de l’hypersomnie
Les causes de l’hypersomnie peuvent être variées et sont souvent classées en deux catégories : hypersomnie primaire et hypersomnie secondaire.
Hypersomnie primaire
L’hypersomnie primaire comprend les troubles intrinsèques du système nerveux central, comme la narcolepsie, l’hypersomnie idiopathique et le syndrome de Kleine-Levin. Ces troubles sont fréquemment d’origine inconnue et peuvent être liés à des anomalies génétiques ou neurobiologiques.
Hypersomnie secondaire
L’hypersomnie secondaire est généralement causée par d’autres conditions médicales ou des substances. Parmi les causes possibles, on trouve :
- Troubles psychiatriques : Dépression, troubles anxieux.
- Troubles neurologiques : Traumatisme crânien, maladies neurodégénératives.
- Infections : Virus Epstein-Barr, syndrome de Guillain-Barré.
- Troubles endocriniens : Hypothyroïdie, diabète.
- Substances : Alcool, drogues, médicaments sédatifs.
Diagnostic et tests de l’hypersomnie
Diagnostiquer l’hypersomnie nécessite une approche rigoureuse pour différencier les différentes causes possibles. Les tests et évaluations couramment utilisés incluent :
Agenda du sommeil et actimétrie
Un agenda du sommeil permet de suivre la durée et la qualité des périodes de sommeil et d’éveil sur plusieurs semaines. L’actimétrie, un bracelet porté par les patients, évalue les phases de repos et d’activité dans la vie quotidienne.
Polysomnographie
La polysomnographie nocturne analyse la quantité et la qualité du sommeil via des enregistrements d’électroencéphalogramme (EEG), d’électro-oculogramme et d’électromyogramme, associés à une évaluation des fonctions respiratoires et cardiaques.
Test itératif de latence d’endormissement
Le test itératif de latence d’endormissement mesure le temps nécessaire pour s’endormir lors de siestes programmées tout au long de la journée, aidant à évaluer la somnolence diurne excessive.
Traitements pour l’hypersomnie
Le traitement de l’hypersomnie varie en fonction de la cause sous-jacente. Les options incluent :
Médicaments
Pour la narcolepsie, des stimulants comme le modafinil ou l’armodafinil peuvent être prescrits pour réduire la somnolence diurne excessive. Les antidépresseurs tricycliques ou les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS) peuvent aider à gérer la cataplexie.
Thérapies comportementales
Les thérapies cognitivo-comportementales peuvent aider les patients à gérer les symptômes et à améliorer leurs habitudes de sommeil. Des techniques de relaxation et de gestion du stress sont également bénéfiques.
Hygiène du sommeil
Maintenir une hygiène de sommeil rigoureuse est crucial. Cela inclut des horaires de sommeil réguliers, un environnement de sommeil approprié, et l’évitement des substances stimulantes avant le coucher.
Vers une meilleure prise en charge de l’hypersomnie
Les hypersomnies sont des troubles du sommeil complexes et souvent invalidants. Une meilleure compréhension de leurs symptômes et de leurs causes est essentielle pour améliorer le diagnostic et le traitement. Bien que rares, ces maladies méritent une attention particulière afin de minimiser leur impact sur la vie quotidienne des patients. En poursuivant les recherches et en sensibilisant le public, nous pouvons espérer offrir des solutions plus efficaces pour tous ceux qui souffrent d’hypersomnie.